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Haiti, après une décennie, encore le goût amer du séisme sur la langue de la nation

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“Déjà 10 ans, pourtant c’est comme si c’était hier”. C’est le cri aigu des traumatisés perpétuels d’une Patrie sans guide, sans maître et sans espoir même au plein cœur du péril. Un peuple laissé pour compte, abandonné au gré du vent et des flots malgré les opportunités présentées. Le mardi du séisme, c’est tous les jours pour nous. 4h53 PM, c’est la somme de toutes nos heures qui nous invitent plutôt à mourir de la douce mort que de continuer à vivre dans la honte et toute forme de déceptions. 12 janvier 2010, on s’en souviendra toujours puisque depuis ce jour, pour nous les Haïtiens, c’est du compte à rebours

C’est comme de la poésie, mais loin d’être poétique ! 12 janvier est plutôt âcre, 12 janvier est plutôt salé, 12 janvier est plutôt vulgaire… Une date sans pudeur, sans gêne, stupide ! Nombreux sont ceux qui déclarent : “je ne saurais oublier cette date”. Oui, c’est évident ! Mais que faire après 10 ans de deuil et de lamentation?

Semblerait-il que ceux qui sont partis pour l’au-delà quoique très jeunes avaient raison ? Une auto-interrogation ayant l’apparence très sensé car entre partir et parti il faut prendre partie. En effet, Haïti a connu pas mal de catastrophes naturelles épouvantables mais ce tremblement de terre s’est montré le plus meurtrier de toute l’histoire de l’île.

Haïti a perdu ses repères, le pays a perdu son essence, pauvre terre comme maudite sans cause, malmenée quotidiennement par ses propres fils qui attendent un miracle tombant du ciel. Émotionnels et émotifs ils ont tout oublié car pour eux tout passé doit rejoindre le tiroir de l’oubliette. Dommage, l’Haïtien compte ses propres jours et préfère hypothéquer tout un avenir pour seulement une goutte de plaisir dans le présent. Et, il estime pouvoir rattraper le temps perdu. Il succombe devant le matériel, il accuse son voisin, bref il aime bien le bien mais malgré lui, il voit le mal partout. Le peuple accuse l’État et l’État ironise le peuple. L’état du peuple n’a rien à voir avec l’État car l’État n’est toujours pas en bon état.

Par ailleurs, c’est comme si pour nos élus 12 janvier 2010 était une simple danse au cours de laquelle tout le monde aurait pu esquisser quelques merveilleux pas. Loin de là… Ont dirait qu’ils sont tous fous, accusant le système. C’est quoi exactement un système ? Ouf… Ils sont méchants nos dirigeants, ils se sont montrés sans cœur, impitoyable envers la nation. L’aurait-on mérité? Bref, après ce festin au son d’un balafon insensé, d’une guitare maladroite, d’un tambour sans tempo, au rythme inconnu… Ce n’était pas un rêve, il était évident que même les psychiatres les plus chevronnés perdent leur lucidité !

En toute sincérité, à cette heure du 12 janvier, les secousses étaient vrais, mais n’ont rien apporté de positif à notre histoire de peuple. Aucune note n’a été prise ni de leçons apprises. Nous sommes en 2020, à présent, faisons trembler notre conscience au bonheur du pays pour le bien-être collectif. Et, en mémoire des disparus lors de ce drame, en lieu et place d’une bougie noire parfumée, allumons dix ans après, le flambeau apportant la vie non seulement au cœur des défunts aujourd’hui qui nous ont devancé mais aussi pour le plus grand bien de notre progéniture.

À rappeler que 12 janvier n’est qu’une date terrible de notre histoire qui n’a pas causé plus de dégâts que les hommes d’État qui se défilent à tour de rôle dans nos boîtes, mangeant le beurre, dilapidant l’argent du beurre et profitant abusivement du sourire de la crémière par-dessus le marché.

Bon courage à tous pour remonter plutôt la pente afin de rebâtir l’Haïti voulue au lieu de pleurer là où ne se trouvent plus de cadavres.

12 janvier 2010
12 janvier 2020

10 années de deuil
Pour un peuple sans mémoire invité à refaire son histoire

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