Pour une sortie de crise profitable à l’haïtien

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Pour une sortie de crise profitable à l’haïtien

Il est temps que les haïtiens s’interrogent sur leur véritable identité politique, cessent de se voiler la face et prennent ses distances quant à la fascination du pouvoir motivant ceux qui arrivent à le détenir aux pires excès, suggère Waner Cadet dans son ouvrage : Haïti, le naufrage de l’État : quelle sortie ?

« Haïti, le naufrage de l’État : quelle sortie ? » est l’un des ouvrages du Dr. Waner Cadet, publié en 2008, sous les presses des éditions Silex/ Nouvelle du sud/ Panafricaine. Dans cet essaie de 454 pages, subdivisé deux parties et 9 chapitres, le Dr. en géographie dans la recherche économique agricole, via une analyse documentée et réfléchie, expose les principales causes des différents problèmes auxquels fait face le pays depuis sa fondation. En proposant des perspectives envisageables pour une sortie de crise capable de conduire vers un développement rationnel et pragmatique, l’auteur examine tous les paramètres sociaux, historiques, politiques, économiques, culturelles et identitaires de la nation.

D’entrée de jeu, le normalien Supérieur, en capitalisant sur des approches analytiques dues à sa compréhension de la réalité haïtienne, croit dure comme fer qu’il est venu le temps pour le peuple de rescapé que sont les haïtiens de s’interroger sur leur véritable identité politique. Waner Cadet suggère que les haïtiens doivent impérativement de cesser de se voiler la face et aussi de prendre ses distances quant à la fascination du pouvoir motivant ceux qui arrivent à le détenir aux pires excès. Aussi, il exhorte ceux qui convoitent le pouvoir à ne pas faire des promesses fallacieuses. Une pratique qui, selon l’auteur, a toujours conduit le pays, depuis son indépendance, à la catastrophe.

L’auteur a pris le soin de retracer et de présenter l’attitude complexe et indescriptible de l’haïtien face au pouvoir. Waner Cadet a fait une plongée extraordinaire dans les « référents imaginaires » du peuple haïtien représentant le « Leader-Chef » comme un homme capable de faire ce que bon lui semble et ceci sans avoir de compte à rendre à personne. Un « homme-leader-chef » qui inscrit ses actions politiques dans une sorte de monarchie absolue. Modèle qui renvoie à la culture politique des grands monarques du 17e siècle français. Une sorte de despotisme individuel renforcé par des alliances familiales et claniques mais non-éclairé. Une forme de monarchie qui, dans une large mesure, aurait conduit aux pratiques et méthodes d’assouvissement inhumain renvoyant à l’époque coloniale. Un vieil héritage européen, transmis de génération en génération, qui a conquis le cœur des nouveaux libres.

Plus de deux cent ans plus tard, malgré les efforts déployés pour le respect des droit humains ; les conventions internationales, chartes et traités signés, on continue encore d’assister à une certaine banalisation de la vie ; à une forme de marginalisation de l’autre et d’un mépris farouche des valeurs culturelle et des croyances ancestrale et traditionnelles de la cité.

Dans la même veine, le licencié en droit à la faculté de droit de Port-au-Prince (1958-1961), pour mieux assoir sa position, a pris le soin d’exposer la pratique politique de certains acteurs ayant pris la destinée de la nation. Au cours de leur règne, ils se sont arrangés pour être indétrônable. Une pratique qui a généré au fil des ans une montée en puissance des motivations individuelles en éclipsant l’intérêt de la grande majorité. Là où le bât blesse, sous une forme plus aiguisée qu’à l’époque coloniale, la même culture persiste : tout se fait de manière subtile et osée pour le compte de la métropole.

Pour implanter cette pratique, les dirigeants de la nouvelle nation, vielle aujourd’hui de deux cent vingt ans, ont toujours recours à la force, à la violence et à une forme d’autoritarisme farouche, mêlée aux outils utilisés pour manipuler les esprits. Ajouté à cela, ils adoptent le culte d’une haineuse intolérance, revancharde et d’une absence totale du sens de l’Etat-nation. Ainsi ont-ils l’assurance maintenir le pouvoir et faire siens la vision dite « démocratique » en broyant l’attitude de la société civile, le monde des paysans, des ouvriers, des couches populaires urbaines, des classes supérieures, des classes moyennes urbaines, des intellectuelles et des associations militantes.

En somme, à travers cet ouvrage, l’auteur en s’appuyant sur des faits historico-politiques et culturels, invite le lecteur à comprendre que le problème haïtien par apport à la gestion du pouvoir est considérable. Il laisse comprendre que tout prend racine dans la mentalité et la façon de voir l’haïtien, fuit des siècles d’esclavage.

Haïti, le naufrage de l’état, quelle sortie ? est un livre à relire.

Gary Augustin II